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samedi 18 février 2017

Jacob et Esaü, le secret de jumeaux bibliques (2/2)

ESAV et JACOB : le secret des jumeaux
par Dominique Blumenstihl-Roth

(la première partie 1/2 se trouve ici)

Suite de l'article (2/2) :

I. JACOB
Le thème de Jacob paraît plus simple. Il n'a droit qu'à un seul nom au berceau, dont l'étymologie est ambiguë : de 'aqev = talon, mais aussi récompense, également ce qui est tordu puisque 'oqva signifie tromperie. Jacob est donc celui qui talonne, mais aussi celui qui a rattrapé et dépassé, peut-être par la tromperie. Il faudra que Jacob se débarrasse de son nom, qu'il enlève l'hypothèque de la tromperie, qu'il devienne le "Droit de Dieu".

"Dieu lui dit : ton nom est Jacob, mais on ne t'appellera plus Jacob, ton nom sera Israël" (Gen. 35. 10). On l'appellera aussi Yeshouroun, la rectitude, par opposition à la tromperie, car Israël, c'est Yashar El (yasha = aplanir, rendre droit).
Ces changements de nom correspondent à des étapes initiatiques qui élèvent graduellement l'homme au-dessus de sa condition charnelle.
Esaü, l'enfant né adulte, est au fond un être fragile. Nayant pas à gravir d'échelons initiatiques marqués par la nécessité de surmonter des obstacles, il peut se tromper de chemin et dégringoler du sommet au lieu de gravir la montagne.
La vie de Jacob, quant à elle, est une suite d'obstacles surmontés grâce à son énergie, à sa patience, à sa rectitude, l'apothéose en étant le songe de l'échelle et le combat avec l'ange.

Esaü, destiné à n'être qu'Esprit, restera au niveau de Nefesch, alors que Jacob réussira à lever la lourde hypothèque qui pèse sur son nom, transcendant le nephesch pour en arriver à Rouakh.

Ce passage écrit par Liliane Servier mérite un éclaircissement car il me semble qu'elle confond les choses. Elle ne m'en voudra pas si j'ai l'audace ici mettre mon "grain de sel", et je suis persuadé qu'en elle l'amie autant que l'experte en hébreu biblique approuvera.
Esaü, me semble-t-il, accomplit pleinement sa mission. Elle est lourde, ingrate. Mais il fait ce pourquoi il est né : être l'adversaire et l'opposite. Il accède donc au plus haut degré de sa vocation. Fût-elle négative, il incarne ce rôle jusqu'au bout. Il est certain qu'Esaü ait eut son Rouah et sa Nefesch. Autrement dit : son souffle originel déterminant sa vocation profonde. Il a accompli les actes conditionnés par l'information initiale qui a été initialement insufflée en lui. Il est le fruit de sa Nefesch. Il a bénéficié comme tout le monde du Rouakh divin activant son énergie. Il a même, à mon sens, parfaitement accompli son rôle et il a accédé à sa Neschama quand il a pris conscience de qui il était par rapport à Jacob. Ce jour-là, Esaü a pleuré et Dieu lui en a été miséricordieux.

Dominique Aubier a écrit à ce sujet :
"Tout être possède une formule formule existentielle par son néfesch, son rouah et sa neschama.
Néfesch dit la doctrine hébraïque. Noun, Pé, Schin. L’orthographe rend raison du triplet et  délivre le sens de cette détermination au commencement de la personne (Noun) :  effet vibratoire du Verbe qui a parlé  avec sa bouche (Pé) la Création, conformément  aux lois fonctionnelles (Schin)  insérées dans ses dires. Le Néfesch est le nom que la doctrine hébraïque donne à l’information subsidiaire qui fournit la matière à gérer.
"
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A propos de Rouakh, Nefesch et Neschama : des explications plus précises dans un prochain blog. Si cela vous intéresse, bien sûr. On trouvera les explications les plus précises sur ces concepts dans le livre Le Pouvoir de la Rose.

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À propos de ESAÜ et JACOB
J'ai reçu beaucoup de courriers. Il m'a paru nécessaire de publier ici une mise au point pour mettre fin aux infinies conjectures. La question a été résolue, par Dominique Aubier, dans son livre "La 23ième Lettre de l'Alphabet hébreu." En voici un extrait.

Les jumeaux Jacob et Esaü représentent la formation d'une structure en deux hémisphères. Deux forces contraires. Ils se battaient dans le ventre de leur mère. Cette gémellité combative correspond-elle au stade du deuxième jour de la fécondation, quand l’ovocyte se complexifie en deux cellules et deux globules polaires diamétralement opposés ? Situation présomptive de la dualité cérébrale qui sera le propre plus tard de l’individu. Est-ce pour ne pas contrarier le savoir objectif que l’Eternel (YHVH) se hâte de lire l’avenir dans l’instinct qui fait les deux fœtus s’entre-pousser dans le sein de Rebecca? Un avertissement divin spécifie que deux nations se préparent à naître, dont le peuple de l’un sera plus puissant que celui de l’autre. L’aîné obéirait au plus jeune.

1. Selon quel critère déterminer le fait d’être l’aîné ou le puîné ?
Par rapport à la conception ou la naissance ? S’agissant de jumeaux qui ne sont pas monozygotes, l’appréciation n’est pas la même selon que l’on se fie à l’ordre de leur engendrement ou celui de leur venue au monde. Selon les apparences, le plus jeune — de quelques minutes — était Jacob dont la main tenait le talon de son frère. De ce point de vue, Esaü étant sorti le premier, c’est le peuple issu de Jacob qui dominera sur celui né d’Esaü. Sous ce rapport, le droit d’aînesse est à l’un — Esaü — et l’autorité à l’autre : Jacob. Faudrait-il que les deux soient réunis dans la même personne ? Et considérer que, du point de vue de l’ovulation, la cellule appelée à devenir l’embryon Jacob a été pénétrée la première par le spermatozoïde paternel ? Une autre cellule germinale effectuera sa nidation séparée, dans son propre placenta, à moins qu’il y ait nidation commune pour les dizygotes dans la fusion des placentas. Pour se combattre, il fallait que les deux fœtus soient en vis-à-vis assez proche, ce qui est probable du strict point de vue de la représentation cérébrale où les deux hémisphères sont l’un contre l’autre, séparés par la ligne médiane. Le sens de l’unité était un critère suffisant pour que les initiés misent sur la nidation commune de deux boutons embryonnaires différents. Le premier-né peut n’être que le second du point de vue de l’engendrement. Comment en décider ? Pour le raisonnement initiatique, c’est assez simple. L’élan constructeur du cycle étant motivé par une finalité spirituelle, c’est forcément celui qui a le sens de l’esprit plus que de la matière qui devra être considéré comme l’aîné. Selon cette option, l’aîné c’est Jacob. Il semble bien qu’un débat de ce genre ait été tenu par les initiés au fil du temps, car c’est opinion admise par la tradition. Quant au fait d’avoir à obtenir la bénédiction qui en sanctifierait le signe, c’aurait été un souci pour Jacob comme pour sa mère Rebecca. Isaac n’était pas prédisposé à favoriser Jacob contre son préféré Esaü.

2. Le droit d'aînesse contre un plat de lentilles.
Genèse 25, versets 29 à 34, raconte en vingt-deux lignes en hébreu, trente-deux en français, comment Esaü revient des champs, fatigué et affamé, un jour que Jacob faisait cuire un potage. Il dit à son frère jumeau, « laisse-moi avaler, je te prie, de ce rouge, de ce met rouge ». Avaler est une fonction de la bouche et indique la chute ressentie sur la gauche du corps quand on boit ou mange. C’est l’endroit de la bonne descente chez un buveur invétéré. Pressé par la faim, Esaü mentionne la couleur du plat qu’il a envie de manger, sans y regarder de près. Rouge. Adom en hébreu. Cette référence visuelle à la couleur a beaucoup de sens. Elle dénonce le génie personnel d’Esaü puisque c’est de là qu’il a été surnommé Edom (Alef, Dalet, Vav, Mem). Toutefois, le mot rouge quand il désigne la couleur ne comporte pas de Vav. Il en obtient un quand il devient le surnom d’Esaü. On peut comprendre qu’une mesure évolutive complète s’adresse à l’icône de celui qui a faim et veut rapidement avaler. Le nom de Jacob ne comporte pas de Vav dans la même circonstance. L’épisode est remarquable en ce qu’au désir de manger d’Esaü, une fonction de la bouche étant de déglutir, Jacob met une condition qui relève du second pouvoir de la bouche, celui de parler : «Vends-moi d’abord ton droit d’aînesse ». Un marché de dupes, pense aussitôt le rouquin, le velu. Il consent sous serment à vendre son droit d’aînesse contre un plat cuisiné. L’alternative est claire : manger, parler. Les deux fonctions de la cavité buccale sont évoquées dans le jumelage qu’elles représentent aussi dans les tendances des deux jumeaux. L’affaire relative à cette double fonction se corse et prend une consistance supérieure à cause du droit d’aînesse qui, en l’occurrence, concerne le pouvoir de parler, attribut patriarcal d’Isaac. Aspect des choses auquel Esaü ne prête aucune attention. En revanche, c’est tout ce qui intéresse Jacob. Pour lui, les lentilles ont un sens. Adachim. Ayin, Dalet, Schin, Yod, Mem final. Il a pris note de l’information et cuisait le potage avec des nobles pensées en tête. Il observe qu’Esaü ne prononce pas le mot de lentilles mais celui de rouge. Il n’a donc pas évalué le sens de la circonstance. Jacob en déduit que son frère n’est pas au fait du symbole qu’ils sont en train de vivre. Or, le sens en est magistral. La vue mentale (Ayin) distingue la porte (Dalet) par laquelle le Verbe (Schin) va opérer sa sortie et devenir (Yod) l’énergie de l’universalisation (Mem final). Jacob, lui, connaît cette signification. Il était précisément en train d’y réfléchir tout en tournant ses lentilles dans leur jus de cuisson. Il sait donc que le sort, en cet instant, va choisir celui qui sera la porte. Son frère ou lui. Cette hypothèse lui insuffle l’idée d’acheter le droit d’aînesse en contrepartie du rouge qui n’est pas le nom du plat de lentilles dont la formule est souveraine au regard du projet divin.
Faut-il songer à la double fonction de la bouche : manger, parler ? Elle serait le lieu épigénétique d’un tout ou rien. Lorsque les hominidés sont devenus bipèdes, des modifications morphologiques sont intervenues. Le tractus supra-laryngé s’est formé, une des principales bases anatomiques de la parole. Pour que les gourmands ou gourmets que nous sommes ne s’étouffent pas en mangeant, il faut que leur épiglotte se ferme au moment de la déglutition : nous ne pouvons pas articuler des sons tout en avalant sans risquer la mort. Le mentor qui a dicté l’histoire biblique des Patriarches a-t-il estimé nécessaire de le faire savoir ? Le fait qu’Esaü le chasseur cuise de bons ragoûts pour son père n’est pas étranger aux joies de la bouche. Il n’y a rien d’impertinent en soi pour un homme qu’être sensible à tout ce qui passe par son palais. Au contraire. Il est attentif au goût des choses. Est-ce le thème du tractus ou chambre supra-laryngée qui descend avec le larynx, parallèlement au développement des cordes vocales qui demande ici à être considéré ? La dialectique manger-parler, sous l’aspect que lui confère son positionnement physiologique dans l’élaboration du corps humain, est-elle mise en évidence?

3. Rebecca préfère Jacob.
… tandis que le père a une prédilection pour Esaü qui lui met du gibier dans la bouche. Les deux fonctions de la bouche se trouvent donc évoquées au plan des préférences parentales. On ne saurait douter qu’il s’agisse de la bouche en tant qu’organe physique car l’hébreu du texte est formel : Ci-tzahid be-Pif. Le chasseur met du bon gibier dans les papilles du vieux papa. C’est donc à la maman en ce qu’elle est miam-miam de se gourmander contre une inversion qui s’est produite dans le couple : le père cède à l’importance du gustatif, la mère se voit alors investie de l’obligation de réparer l’équilibre. Comme si, à ce moment-là de leur vie à quatre, se posait le problème de respecter les deux fonctions de la bouche, tandis que leur projection symbolique se croisent, n’étant pas équilibrées de la même façon pour les deux générations.
Rebecca a-t-elle consulté son nom ? Sait-elle comment il s’écrirait en hébreu ? Ou sa phonétique suffit-elle à l’alerter ? Son nom dit qu’elle est celle qui attache. Comprend-elle qu’il est de sa mission d’attacher la connaissance du Verbe au droit d’aînesse, de le lier à celui des jumeaux qui a le sens de la parole et qui est réellement l’aîné au plan conceptuel ? Reisch, Beth, Qof, Hé. L’orthographe de son nom indique le type de pensée qui l’anime. Elle est en face d’une situation — la sienne, celle de sa personne, destin collé à son nom — où le Reisch précède le Beth, où le Qof se plante avant le Hé. Dans l’ordre de la conception créatrice, si le Beth, cerveau caché, mou du monde, précède le Reisch, c’est fautivement. En outre, dans l’ordre alphabétique, la dualité déclarée par le Hé s’arrête avant que surgisse le Qof. Eth-Ribquah se rend-elle compte qu’elle est une entité où les prééminences naturelles s’entrecroisent ? Voit-elle l’image de sa mission prédestinée dans ce qui se passe dans sa famille ? C’est là que les valeurs de la bouche se croisent à l’envers.

4. Où l'on retrouve Don Quichotte
Cervantès a dû réfléchir à cette situation. Si l’on parle en mangeant, on s’étouffe, à moins que la bonne éducation ait enseigné à mastiquer avec la gauche de la bouche de manière à laisser sa droite libre pour la parole. Sancho, lui, mâchait avec les deux côtés. Don Quichotte voyait là un signe de sa rusticité. La courtoisie commence à table et la connaissance aussi. Une métaphore consacrée dit que la table c’est l’autel ! Il faut donc considérer ce que l’organisme humain présente de singulier par sa manière d’utiliser la bouche. Séparer la droite de la gauche.
Vieille consigne si l’on se fie à Genèse 25. Rebecca a-t-elle pris sur elle le droit d’aider Jacob à s’emparer non pas du droit d’aînesse — il l’a acheté — , mais de la bénédiction qui l’octroie ? Le conseil qu’elle lui donne n’est pas correct du point de vue de l’éthique familiale. La mère inspire à son fils une action qui consiste à berner son mari. Isaac en l’occurrence, étant ce qu’il est, signe de l’insertion de l’aire du langage dans le cycle en formation, la conduite de Rebecca équivaudrait à défier les forces du Verbe, si elles ne s’étaient pas inversées. Elle ne commet aucune faute contre l’ordre systémique en voulant déjouer une prise de parti infondée. Mais abuser d’un vieillard devenu aveugle ! Isaac avait soixante ans quand les jumeaux sont nés. Durant des décades son épouse est restée inféconde. Il a vingt ans de plus quand Jacob, sur les directives de sa mère, lui arrache sa bénédiction… Une bénédiction dont Esaü recevra, lui aussi, sa part.


Explications plus complètes dans ces livres :
La 23ième Lettre de l'Alphabet hébreu
Don Quichotte prophète d'Israël
Le Pouvoir de la Rose (explication de Rouah, Nefesch, Neshama) 

Tous les livres de Dominique Aubier

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2 commentaires:

Bol a dit…

J'apprécie beaucoup ce blog. Il m'aide beaucoup à comprendre les choses.
C'est pas facile pour moi de répondre sur le fond des choses.
Juste ce petit post, minuscule façon d'apporter mon soutien au travail de Monsieur Blumenstilh Roth sur ce blog unique.
Faut pas le laisser ramer tout seul.


François-Marie Michaut a dit…

Marine Le Pen qu'il n'est pas facile de situer par rapport à Esaü et à Jacob a hurlé ce matin contre le fait qu'elle était victime d'une véritable cabale politique.
Dans les esprits la cabale, c'est très péjoratif. Magouille à plusieurs en douce pour nuire à quelqu'un d'un côté, et de l'autre bidule tarabiscoté totalement incompréhensible pour les esprits normaux.

Ce blog Kabbale a une mission énorme à mes yeux. Répandre peu à peu le message que cette sagesse issue de la tradition juive est une ouverture à l'intelligence, à la liberté de chaque homme et à sa créativité personnelle. Sans aucune exclusion !
FMM