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dimanche 19 novembre 2017

Fountain, film de Darren Aronofsky. Le secret de la Fontaine (suite מ ע י ן (3

LE SECRET DE LA FONTAINE (3)
par Dominique Blumenstihl 
(Première partie suite 3)
 
Un ami Lecteur (ou lectrice) m'a demandé qu'est-ce qu'un initié. Comment on le reconnaît.
Alors voici une définition : « l'initié c'est celui qui n'ignore rien de ce que Dieu sait de lui. » C'est une phrase du soufi andalou Ibn' ArabÎ.
Plus précisément, c'est une personne qui pense et agit au moyen des critères de la Connaissance et qui possède donc la maîtrise de la Table des critères initiatiques. Cette Table n'est pas secrète. Mais sans doute est-elle réservée à une élite. Il n'y a pas de ségrégation, car cette élite, tout le monde peut en faire partie. C'est affaire de volonté, de décision, de culture et d'effort. Je dirais que la Connaissance est la chose la mieux partagée au monde. Le vrai problème, c'est que personne n'en veut.

Je reviendrai sur ce sujet dans un prochain Blog.
Dans l'immédiat, je continue avec la série Source - Fontaine.
Et j'en arrive au film de Darren Aronovsky. L'étonnant cinéaste à qui l'on doit Pi = 3,13. Et plus récemment ce film que je recommande : Fountain.
Rachel Weisz, dans le film Fountain

3 Fountain, de Darren Aronofsky
« Fontaine » (Fountain) est le titre du film de Darren Aronofsky. Un film très inspiré avec, dans les rôles principaux, Hugh Jackman et Rachel Weisz. Il tire son titre d'un concept kabbalistique, non avoué par le cinéaste : la « Fontaine ». Un terme qui désigne le maître de la Loi quand il pratique un enseignement créateur dont la lumière se répand à travers le Temps et se diffuse dans l'espace, dessinant ainsi un Arbre de vie. « Fountain » est donc une métaphore cinématographique de cela même qu'a réalisé Dominique Aubier : elle a repris le message de la Connaissance, écrasé par l'Inquisition — celle de la sottise matérialiste ambiante — ; elle a donné à voir, à tous, le Modèle de référence corticale. Sa parole, son écrit, reposent sur une figuration claire de l'Univers, une compréhension des phénomènes, des cycles, de l'Histoire selon un mouvement et une loi qui en fait sa vérité — et sa sévérité.


Le cinéaste, très coquin, dans les suppléments accompagnant le film, se garde bien de citer la moindre référence kabbalistique. Il fait un film kabbalistique mais ne dit pas ce qu'il fait, précaution fort utile quand il s'agit d'affronter une critique ignorante. Aussi s'amuse-t-il à « botter en touche » et le voici qui inonde ses interviews de détails techniques portant sur le tournage, les décors, le jeu des comédiens etc. Et c'est bien exprès qu'il escamote le concept même de « l'arbre des séphiroth » qui pourtant hante toute son œuvre. Il agit là en kabbaliste : faire passer la Connaissance au nez et à la barbe de l'appareil inquisitorial régissant la culture ambiante et susciter la création d'une œuvre cinématographique totalement imbue des critères de la kabbale hébraïque sans rien avouer. Ce fut la technique de Jean Racine et de Cervantès.
Le langage métaphorique du film (et de la kabbale qui en est l'inspiratrice) doit cependant être ouvert et avoué : l'Initié-fontaine ramasse la rosée et la redonne à boire de sorte que nous puissions tous nous accrocher à l'Arbre de vie. Raison pour laquelle dans le film,  l'Arbre libère sa source et abreuve le Conquistadore venu sauver la Connaissance. Allusion évidente à Don Quichotte.

Nous en revenons à la définition du mot hébreu Tal
(citation de Dominique Aubier) : « une image exacte pour rendre compte de l'effet des rayons lumineux. Cet effet est comparé à celui de la Rosée qui recouvre les plantes et qui résulte de la condensation de la vapeur d'eau à la faveur de la fraîcheur de la nuit. La nuit favorise la condensation sur l'arbre mental des gouttelettes d'énergie solaire assimilées par la sensibilité et transmise par les nerfs jusqu'au centre cérébral. Cette rosée nourrit l'arbre de vie : l'arbre mental. Elle s'y trouve assimilée par le centre cérébral capteur de l'énergie verbale. C'est là le lieu où s'inscrit la force divine qui nous agit. »

Pour ce qui me concerne, j'ignore si j'ai la compétence requise. Tout au plus puis-je me revendiquer comme un ami de Sancho Panza, loin encore de l'extraordinaire puissance du Quichotte, mais pas moins victime d'un excès de la passion… En tout cas, je m'efforce de voir clair et de m'inscrire dans la continuité du Maître, sans tomber dans le travers qui consisterait à ignorer son avancée et revenir en deçà de son apport. Ce serait une régression coupable. Raison pour laquelle j'identifie les sources kabbalistiques de Darren Aronofsky, et là où le cinéaste reste motus et bouche cousue sur ses références ; je les indique ouvertement, étant dans l'obligation, comme disait Émile Littré, d'une part, de reconnaître le courant intellectuel qui apporte les choses tombantes et d'autre part de dégager et donner à voir le courant qui apporte les choses naissantes. Et ce qui naît, c'est la mise au clair, l'explication. L'actualisation dans un langage directement intelligible sans le recours à l'image métaphorique.

Pour avancer, il faut que l'Initié moderne soit au fait des avancées de la Recherche. Il doit éclaircir le langage. Ouvrir les mots et les esprits. Il doit sortir la Connaissance de ses expressions symboliques et livrer l'offrande « exotérique ». (Certes, tout le monde n'est pas voué à être initié. Mais tout le monde peut décrasser son esprit, et à défaut d'être un éveillé, au moins peut-on n'être pas tout à fait un endormi.)
L'Initié doit, comme Don Quichotte, « sortir », faire sortir, donner à voir, parler et donner tout en ajoutant sa propre nouveauté.
Don Quichotte parcourt la terre, les champs, la plaine de Montiel. Cela s'entend en hébreu : « manati-el » c'est-à-dire « ma part de Dieu » (cf Don Quichotte prophète d'Israël, éd. Ivréa) « La Connaissance appelle en effet "champ" ou "terre" le savoir quand il a atteint le degré de fixation qui le rend propre à l'enseignement, à la conservation. Elle appelle « ciel » la couche de connaissance qui se fait grâce au travail de la rosée nouvelle déposée jour après jour, assimilée nuit après nuit dans les cerveaux des hommes et des femmes qui s'occupent de comprendre la Doctrine et de la continuer. » Ainsi, une couche de savoir qui a été « ciel », avec le temps, devient « terre » et le savoir désigné est enseignable, communiqué par les Maîtres. C'est là le sens de la prière dite lors de la messe chrétienne qui demande que « ta volonté soit faite sur terre comme au ciel ». C'est-à-dire que la Rosée céleste se dépose jour après jour dans nos esprits récepteurs, et qu'ils la fixent et s'en servent pour fertiliser le présent.

L'Initié se remplit de Rosée.
Nous avons vu que la Rosée, en hébreu, c'est Tal. Dès lors, il faut penser au mot hébreu "Tala" (Tet, Lamed, Aleph) qui signifie plénitude et remplir. Que l'on trouve par exemple dans le verset Exode 32-29 :  « remplissez votre main ». C'est-à-dire la remplir de ce que l'Invisible donne, et consacrer ce don   « au service de Dieu ou remplissez-la d'offrandes » (définition extraite du dictionnaire hébreu-français Sander et Trenel, éditions de la Société israélite des Livres religieux, 1859, Paris, p. 365 -367).
L'Initié qui a bu la Rosée devient Fontaine. Pour soi et pour les autres. C'est-à-dire qu'il devient « Ma'yan ». C'est le mot hébreu consacré.

Fontaine, en hébreu c'est מ ע י ן
Le mot s'écrit Mem, Aïn, Yod, Noun final. 

מ ע י ן

Cité dans de nombreux versets de la Torah, par exemple « Et ceux qui chantent et ceux qui dansent s'écrient : Toutes mes sources (Ma'yan) sont en toi ». (Psaume 87-7). Ou encore : « Une source (Ma'yan) sortira aussi de la maison de l'Eternel, et arrosera la vallée de Sittim »(Joël 4-18). Pour comprendre les versets, il faut bien évidemment abandonner la lecture littérale et pénétrer le symbolisme représenté. Et ensuite, après l'acception de l'allégorie mise en scène, entrer dans le cœur des mots employés, et sonder les lettres qui les composent. C'est cela, la bonne technique du kabbaliste que procéder par les quatre niveaux d'organisation pour atteindre au sens — au secret sod — du Texte. Alors allons-y :

La source sortant de « la maison de l'Éternel » est de toute évidence une métaphore désignant un(e) initié(e) instruit(e) des Lois du réel, dont la Connaissance arrosera la « vallée de Sittim ». Cette vallée dite de Sittim (les acacias) est un lieu désertique à l'Ouest de Jérusalem. Ce qui signifie que l'enseignement de la Connaissance s'écoulant de la Fontaine Ma'yan irriguera la vallée aride de l'Occident (l'Ouest) où poussent les acacias : un bois très dur, imputrescible… Un verset prophétique. Prophétie qui se réalisera, à condition que la fontaine scellée — celle dont parle le Cantique des Cantiques en son verset 4-12 s'ouvre et se donne au monde — après union avec l'Opposite. « Tu es un jardin fermé, ma sœur, ma fiancée, Une source fermée, une fontaine (Ma'yan) scellée ». (Cantique des Cantiques 4-12). Cette Union est prévue, dans le nom même du roi David, dont le Vav central est pris entre deux portes Dalet à Droite et Dalet à gauche. Sera DaViD l'initié(e) qui parviendra à réaliser l'Union des Contraires Gauche et Droite et qui portera les résultats de cette performance au-devant des Temps. DVD ouvre les deux portes (des deux hémisphères cérébraux), réalise l'Unité (Connaissance et sciences), et dévoile l'identité du Motif d'Absolu. Il faudra donc voir le sens du mot Ma'yan : les quatre lettres composant ce mot nous disent tout. Cela se passe bien en quatre étapes : Il s'agit d'ouvrir un cycle évolutif — ouvrir la fontaine — (Mem), voir (Ayn) la charge d'énergie et la puiser (Yod) pour l'humanité entière (Noun Final).
L'auteur d'une telle performance sera l'ouvreur — ou l'ouvreuse — de la Fontaine scellée.
Autrement dit…

La Suite dans un prochain Blog :

The Fountain : l'exégèse

—1. Le secret de la fontaine,concept kabbalistique.
—2. Fountain part 2. Lecture initiatique du film d'Aronofsky.
—3. Fountain part. 3. Le modèle cérébral dans le film

—4. Fountain part. 4 : la tête enchantée et le secret du Singe 

Mise au point sur les Séphiroth

Suite des articles : de la Rosée à la Fontaine :

— Le Secret de la Fontaine 1
— Le Secret de la Fontaine 2

— Le Secret de la Rosée 1
— Le Secret de la Rosée 2 
— Le Secret de la Rosée 3  


Autre article :
— Isaac ou Ismaël ? Le sacrifice d'Abraham.
— Jacob et Esav : les jumeaux bibliques 


PS : l'identité du Motif d'Absolu ? C'est chose faite, dans ce livre. Le problème c'est que notre culture a 20 ans de retard sur les performances d'avant garde. Être initié, c'est aussi être en phase avec son Temps.

À ceux qui s'inspirent des articles que j'écris : merci de citer le nom de la source. Faute de quoi elle pourrait cesser de couler. Les personnes qui utilisent les enseignements de Dominique Aubier dans le cadre de leurs initiatives pédagogiques sont priées de bien vouloir citer correctement son œuvre.
Merci de votre soutien

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