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dimanche 27 décembre 2015

Islam et Occident. Commentaire de Mahalath et Basemath, Genèse 28,9 et Genèse 36, 3

Mahalat et Basemat, commentaire de Genèse 28,9 et Genèse 36, 3. 
Ou l'union des contraires pour une grande exégèse des symboles.

Résumé :

Dans une émission télévisée diffusée sur Internet, le rabbi Dynovicz tente de montrer comment Ismael et Edom, donc à travers eux Islam et Occident seraient ensemble complices des attentats du 13 novembre à Paris. Pour le Rabbi, la culpabilité d'Edom (l'Occident) est totale.
Pour emporter la conviction, le rabbin convoque la Torah en deux versets où l'on voit en effet Esau (Edom) prendre pour épouse la fille d'Ismaël.

Genèse 28, 9 : Alors Ésaü alla vers Ismaël et prit pour femme Mahalath, fille d'Ismaël, fils d'Abraham, sœur de Nebaïoth, en outre de ses premières femmes.



Genèse 36, 3 : … puis Basemath, fille d'Ismaël, sœur de Nebaïoth.


וְאֶת-בָּשְׂמַת בַּת-יִשְׁמָעֵאל, אֲחוֹת נְבָיוֹת.



Dynovicz relève que le nom de la fille a changé d'un verset à l'autre : en Genèse 28, 9 elle s'appelle Mahalath. En Genèse 36, 3, elle s'appelle Basemath.
 Le rabbi, citant Rachi, estime que la jeune femme serait devenue malade sous l'influence d'Esau, et en déduit qu'Esau-Occident serait un manipulateur qui induirait Malatah - Ismael en erreur, le rendant malade. Par un étrange raccourci, il en vient à affirmer que c'est l'Occident qui conduirait l'Islam à perpétrer des attentats terroristes.

  J''avoue que la lecture de l'amical Dynovicz m'a interloqué. Aussi je lui ai écrit cette lettre pour lui exprimer ma surprise… et mon désaccord.
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Lettre au rabbi Dynovicz
Cher Rabbi,

Vous dites qu' Esaü serait responsable de la maladie (mentale peut - être) de Mahalath, fille d'Ismael qu'il a épousée.
Vous pensez que c'est Esaü qui l'a appelée ainsi, et que c'est cela qui l'a rendue malade.
Je ne comprends pas d'où vous sortez cela, car dans le premier verset, Genèse 28, 9, la jeune femme est appelée Mahalath, et elle devient Basemath en 36, 3. C'est-à-dire que le processus va de la maladie à sa guérison, suite à son mariage.
Autrement dit : elle était malade avant de se marier. Ce que confirme Rachi qui écrit : "elle a été appelée Ma‘halath parce que, lorsqu’elle s’est mariée [avec ‘Essaw], ses péchés lui ont été pardonnés (nim‘halou)."

La maladie est antérieure au mariage et c'est le mariage avec Esaü qui la guérit.

Votre raisonnement est tout à l'envers, vous inversez le processus.
Il me paraît donc absurde d'accuser Esaü d'être responsable de la souffrance de Mahalath, et par extension, d'accuser, comme vous le faites, l'Occident d'être l'auteur-manipulateur des actes commis par les terroristes islamistes.

Deux versets de Genèse parlent de ce mariage, et c'est normatif, car tout acte conclu dans la Torah fait l'objet d'une répétition (davar schanoui). C'est bien la même jeune femme qui est concernée, mais sous deux noms différents. Ce qui invalide l'idée émise par certains commentateurs selon laquelle il pourrait s'agir de deux sœurs, toutes deux filles d'Ismael. L'idée qu'il s'agirait de deux femmes différentes est à mes yeux contraire à la sémantique biblique. C'est la même femme, sous deux noms différents. Rachi explique que "nous n'avons pas de nom fixe. Nos noms changent suivant les missions qui nous sont commandées" (Rachi, commentaire de Genèse du verset 32-30).
"Je vous donne un nom différent et votre destinée sera différente" écrit Rachi.

Le nom évolue vers un état de guérison.
Cela signifie à mon sens que l'union entre Ismaël et Esaü, par l'intermédiaire de la fille d'Ismaël amène la guérison. Donc l'Occident (par Esaü) amènerait la descendance de l'Islam à une guérison.
Cela impliquerait à considérer que la descendance d'Ismaël (sa fille) serait souffrante tant qu'elle n'a pas de partenaire pour former une unité. Est-ce un diagnostic concernant l'Islam ?

Mahalat désigne à mon sens une souffrance métaphysique éprouvée par la descendance d'Ismaël de n'être pas unie à un partenaire. Esaü qui n'est pas tout à fait de la dernière pluie, l'a compris. Il accepte d'épouser Mahalat dont il a dû remarquer la souffrance ou le handicap.

C'est donc par un acte d'Union (de Qorban) avec Esaü, donc union avec l'Occident, que Mahalat (fille d'Ismaël) parvient à la guérison. En tant que femme, elle est un "Qui Fait" par  rapport à Esaü qui est, dans cette structure, un "Qui Sait". Leur mariage forme unité et suscite l'Echange latéral. Le "Qui Fait" de Mahalat reçoit des informations de son partenaire Esaü et se trouve guérie.

Symboliquement, Esaü est le porteur symbolique de l'Occident. Mahalat, fille d'Ismaël, désigne la descendance, donc l'Islam. Le mariage des deux personnages en devient extrêmement emblématique, j'allais dire prophétique : l'Islam doit rencontrer en Occident le partenaire lui permettant de réaliser sa guérison, au moyen d'une union des contraires.

Qui est Esaü ? C'est l'Occident, dont on connaît tous les défauts, mais qui a aussi certaines qualités.
La science est le propre de l'Occident, la démarche rationnelle, linéaire, produisant la profusion des sciences. Et la science participe pleinement du processus messianique dont elle est un partenaire, par la force objectivante de sa pensée, accompagnant la Connaissance pour l'explication des phénomènes.

Le mariage Esaü-Mahalat pourrait signifier que l'Occident (Esaü) en tant que zone intellectuelle procédant par la logique rationnelle doit réaliser la grande explication de la pensée musulmane, qui est, quant à elle, parfaitement incapable par ses propres moyens de produire l'exégèse de ses propres textes. Je pense que l'union Esaü-Mahalat signale analogiquement l'union Occident-Islam et annonce que ce mariage produira la guérison de l'Islam qui, grâce à une exégèse explicative coranique totale, produite en Occident, et par l'Occident, se libérera de sa souffrance.

Esav a été fort inspiré de prendre pour épouse la fille malade d'Ismaël. Il envoie un signe à travers les siècles de la nécessaire synthèse unificatrice : non pas contre Israël comme certains seraient tentés de le croire, mais pour la guérison de la descendance d'Ismael. Cette guérison permettrait à l'Islam de ne plus vivre dans la frustration mais dans l'acceptation de son rôle qui n'est pas de dominer mais d'écouter.

Quant à la maladie de Mahalath, quelle est-elle ?
Osera-t-on risquer un diagnostic ?
À mon sens, sa maladie est celle de l'isolement du "Qui Fait" sur lui-même. Une sorte de skyzophrénie venant de ce qu'elle ne recevait pas d'informations depuis l'En-Face. Si elle désigne la descendance d'Ismaël, alors on pourrait y voir également la difficulté frappant l'Islam qui réside très précisément dans son incapacité d'ouvrir son propre symbolisme et d'en rester bloqué sur l'interprétation littérale du Texte. Isolé sur lui-même, n'acceptant rien des partenaires normaux que devraient être pour lui Israël et Esav, il se renfrogne sur un "Qui-Fait" qui se donne à lui-même les instructions. Ismaël, de loin, l'avait-il pressenti ? Raison pour laquelle il donne sa fille malade à Esaü, dans l'espoir d'une guérison de sa descendance ?

Le mariage semble réussir, puisque de Mahalath elle devaient Bessamath, (évoquant le bon parfum).
Dès lors la médication du "matrimonium" paraît efficace, s'il s'agit d'unir deux partenaires non pas sur un contrat de "tolérance" mais d'union des contraires.

Le soufisme témoigne de cette réussite, lui qui a tenté de proposer une avancée vers ce qu'il appelle le "Tawil" (l'équivalent du "Drash" en hébreu). Mais l'opération est restée inaboutie et incomplète, bloquée depuis le XIIième siècle et la grande exégèse de libération des symboles n'a pas été faite. La "reconduction au principe d'origine" comme disait Henry Corbin n'a pas été faite. Du "Drash" on n'est pas passé au "Sod". Les kabbalistes comprendront de quoi je parle, car ils savent que cette étape est également restée en suspens dans le judaïsme qui n'a pas, à ce jour, performé l'exégèse totale de la Torah.

En ce sens nous vivons, au XXI ième siècle, en retard sur notre temps qui exige une guérison. Le remède existe, il est signalé par Genèse en ces deux versets (Genèse 28,9 et Genèse 36, 3). Union des Contraires, Synthèse, et Montée. L'Occident doit réaliser la grande synthèse unificatrice dépassant la religiosité, ouvrant sur une identification du principe d'unité et ses lois. Ce travail, me semble-t-il, a été pleinement réalisé dans certains ouvrages qui malheureusement n'ont pas été intégrés par notre culture.

 


4 commentaires:

François-Marie Michaut a dit…

Réponse à :
" L'Occident doit réaliser la grande synthèse unificatrice dépassant la religiosité, ouvrant sur une identification du principe d'unité et ses lois. Ce travail, me semble-t-il, a été pleinement réalisé dans certains ouvrages qui malheureusement n'ont pas été intégrés par notre culture." Fin de citation.

Les ouvrages sont des livres. Au mieux, ce ne sont que des balises permettant à ceux qui font l'effort de les lire, et d'en imprégner leur conscience, de mener des actions qui tiennent debout.
La 'grande synthèse unificatrice" est une bombe à retardement. La mèche est allumée par quelques auteurs, il faut maintenant qu'elle soit prise en relai par un détonateur pour passer dans le réel. Ce détonateur capable de déclencher l'explosion attendue est-il entre les mains de quelqu'un venant de la Tradition ou mis au point par un cerveau issu de l'Occident ?

Anonyme a dit…

Bonjour, tout d'abord je dois saluer l'immense travail réalisé par Dominique Aubier, Paix à son âme, que j'ai eu la chance de rencontrer à Paris lors de la sortie du film "Après la tempête", en public tout d'abord, puis dans l'intimité de son appartement rue Notre Dame des Champs; quel merveilleux échange où elle se réjouissait de voir que son travail n'était pas vain; à juste titre; j'ai, avec l'aide financière de deux de mes amies acquis deux ouvrages : "La face cachée du cerveau" et "L'ordre cosmique", bien sûr dédicacés.
Je suis une chercheuse de vérité depuis si longtemps! quelle rencontre!

Maintenant, et c'est l'objet de mon intervention sur votre blog, comment penser qu'un tel savoir soit si peu accessible, j'entends par là que le prix peut éloigner des bonnes volontés... j'en suis une, bonne volonté mais pauvre, à m'intéresser de très très près à son Oeuvre. A chaque fois le prix d'un livre ou d'un film m'arrête, malheureusement. De plus on ne trouve rien en bibliothèque;
On trouve les livres de Carlos Castaneda en bibliothèque ou en livre de poche pour moins de 10 euros chaque.

L'argent !toujours l'argent ! comme frein, serait-ce un paradoxe pour un travail à vocation Universaliste?

Si vous avez des réponses à ma tristesse de ne pouvoir accéder à cette Oeuvre Majeure, alors merci de me les apporter.



Anonyme a dit…

Pour Mme Françoise Bachelot Quintero.
Chère madame, si les livres de Dominique Aubier ne sont pas disponibles en librairie, alors il faut demander aux libraires pourquoi ils ne les ont pas. Ils sont disponibles chez MLL-La Bouche du Pel, par le site internet www.dominique-aubier.com
Vous pouvez écrire à M. Roth et passer la commande par e-mail. Je suis persuadé qu'il vous consentira une remise sur le prix des livres et des films de Dominique Aubier. Car il ne sera pas dit que l'argent vous empêchera de les acquérir.
Bien cordialement. contact : mll@dbmail.com

Anonyme a dit…

Bonjour Anonyme et sincèrement merci de m'indiquer ce chemin. Je vais écrire à monsieur Roth.
Bien cordialement