Rechercher dans ce blog

Translate

vendredi 22 décembre 2017

Le modèle cérébral dans le cinéma d'Aronofsky. Allusion à la Face cachée du Cerveau.

Le modèle cérébral dans le cinéma de Darren Aronofsky
par Dominique Blumenstihl-Roth
 
Le livre de référence pour comprendre les archétypes et le Cerveau : La Face cachée du Cerveau. C'est ce livre-là qu'il faut ouvrir (trépaner) pour comprendre le Cerveau.

Le Redoublement
Le Redoublement est une modalité observable dans le fonctionnement cérébral, dû à la structure en 6 couches du néocortotex, constituée histologiquement en 2 fois 3 couches superposées, en deux instances. Les 6 couches ont été fort bien observées par les neurologistes… depuis plus d'un siècle. L'énergie circule de la couche I vers la VI et connaît des seuils et des relais au moment du passage de couche III en IV.
Dans le film, Liz décède sur cette lisière. Sa vie s'arrête sur le seuil de la couche III, là où les fonctions symbolistes sont extrêmement sensibles dans le cortex. La référence corticale (et c'est une répétition du thème déjà exploité dans son film précédent Pi 3,13) est très nette dans « The Fountain » où la jeune femme est atteinte d'une tumeur au cerveau — de même que le singe Donovan appelé à subir des greffes chirurgicales. Liz décède de cette tumeur : c'est l'impasse du symbolisme ne parvenant pas à se libérer de sa gangue. C'est le blocage de l'information en couche III, en condensation symboliste maximale, telle que l'ont cristallisée les religions dans les formes allégoriques. Il faut effectivement une opération extérieure, une intervention libératrice de l'ordre de la trépanation qui perce la carapace de la couche III ; un acte positif est nécessaire pour transférer l'énergie vers la couche IV, par le côté Droit. C'est affaire de chirurgie (la chirurgie étant ici un acte symbolique. Il s'agit en réalité de l'acte de lucidité, de précision, de lumière, donc d'explication… et du recours au Modèle d'Absolu. C'est l'objet même de ce texte.)

Par ici la lumière
Ce travail est métaphoriquement assumé par Thomas Creo qui trépane le Singe. Le Cerveau est en cause. Le cerveau de l'humanité risque de défaillir si on ne lui inocule pas la formule de l'Arbre de Vie. Autrement dit, le cinéaste soumet son film à l'appel d'une élucidation éclairante (« par ici la lumière » dit-il à son assistant lors de l'opération). Et le singe (animal totémique de la lettre Qof) survit et guérit. Car en effet, l'humanité ignorante est comme ce sympathique Singe endormi, pris dans un étau, et dont le Cerveau se détériore. L'intervention d'une puissance venue de l'Extérieur — cette lumière éblouissante qui inspire le chercheur — sauvera Donovan. Et l'on se souviendra alors que le Singe est le totem de la lettre Qof en hébreu. Qof se situe tout en haut de l'Alphabet, sur l'entrée du Domaine protégé appelé le Séterélion formé par les lettres Qof, Resch, Schin, Tav. C'est le lieu de la salvation cher au roi David qui lui donna ce nom. L'humanité doit s'élever vers ce lieu pour échapper à son conditionnement purement animal. Doter son cerveau de la puissance du Verbe et la Connaissance. Pour en savoir plus : Le Principe du langage ou l'Alphabet hébraïque.

L'explication que je donne ici — sans doute une vanité de ma part — la trouverez-vous chez les kabbalistes à la mode ? Si tel était le cas, c'est par eux que je l'aurais apprise et j'aurais joie de les citer. Qui, parmi les auteurs plus lettrés que moi, parmi les philosophes et autres penseurs en surbrillance médiatique me dira : « Tout cela ne le savions déjà… » ? Dans ce cas, pourquoi ne pas l'avoir dit avant moi ? Le décryptage des archétypes, leur identification… Ne me dites pas, comme je l'ai souvent entendu, que la psychanalyse l'aurait fait. Ce n'est pas vrai. Pas même l'admirable Jung : il en a pressenti l'existence… mais il n'en a nommé aucun. Et ni Raymond Abellio, ni Mircea Eliade, grands chercheurs devant l'Eternel, n'ont donné corps à ce qu'ils appelaient de leurs vœux. Soupçonnant l'existence d'un Modèle d'Absolu qu'ils ont nommé, ils ne l'ont pas pour autant identifié. C'est le Cerveau. Ou plutôt, le cerveau restitue l'image de ce modèle. Dans le cadre de cette identification, déjà faite dans La Face cachée du Cerveau, cette exégèse du film kabbalistique n'est pas un accessoire décoratif : elle propose le dégagement du symbolisme, la résolution des métaphores du film en employant le ciment de la Connaissance actualisée.

L'Union des Contraires
Autre élément pour vous convaincre ? Combien en faudra-t-il déposer sur la table des preuves dûment collationnées par la kabbale hébraïque ? Aronofsky met en scène l'archétype de l'Union des Contraires. Autrement dit, il pratique le « Qorban ». Il reprend là une thématique chère à Louriah, l'Union de la Gauche et de la Droite et la perspective d'une réparation permettant de gagner le Jardin d'Eden. L'espérance de l'Eden est la motivation principale, dans le film, de la Reine et son Conquistadore. Une précision de mon Maître à propos de l'Union des Contraires : « Louria se figurait cette problématique gauche-droite mouvant le cycle civilisateur, dans le cadre de l’oblitération survenue à la sortie de Gan Eden. Pour lui, la faute des premiers hommes a placé l’humanité dans une situation marginale, à l’écart de la vraie vie, coupée du projet créateur. Et cela durerait tant que l’ordre ne serait pas reconstitué, ne pouvant l’être qu’au moyen de ce qu’il appelle l’extraction des étincelles. Notion qui implique celle de Qorban. Laquelle implique à son tour le projet créateur dont le but est de rendre intelligibles et familiers les archétypes. Le cycle civilisateur n’a pas d’autre finalité. Tout le but de la création répond à cette nécessité. Établir le système d’Absolu dans sa structure et accepter, avec les archétypes, la charte indiscutable de la vérité. L’humanité n’aurait plus qu’à l’adopter afin d’avoir l’esprit sous bonne escorte. Elle retrouverait ainsi le conditionnement qu’elle n’aurait jamais eu besoin de perdre, si Adam et Eve l’avaient respecté. » (cf La 23è Lettre de l'Alphabet hébreu, Dominique Aubier, éd. MLL, page 268.)

Comment le cinéaste va-t-il « opérer » son Union des Contraires ?
À la mortification morbide du Grand Inquisiteur qui pratique en solitaire l'autoflagellation il oppose la médication prônée par les kabbalistes d'unir les contraires par un mariage au niveau des éléments atomiques. Le Maharal de Prague a longuement commenté — en langage symbolique — l'union des Contraires et avait noté que cet archétype s'était mainte fois imposé à Israël : de nombreux héros de la saga biblique ont en effet pratiqué l'Union des contraires, en choisissant (de gré ou de force) leur partenaire de couplage hors du fief hébreu, et cela en flagrante contradiction avec les « lois de séparation ». Ces exceptions sont significatives dans le processus messianique dont l'avénement résulte en effet d'une Union avec l'Opposite. Est-ce cette idée qui traverse l'esprit du cinéaste quand il imagine son personnage Thomas Créo qui, pour sauver Donovan, a soudain l'intuition — la lumineuse révélation — qu'il faut extraire les composés vitaux d'un arbre poussant dans la jungle du Guatemala dont il possède une souche ? Cet arbre numéroté 82 -A46.
C'est là un rébus méritant d'être ouvert.
Avec ses collègues, il extrait des molécules de cet échantillon qu'il injecte directement dans le cerveau du Singe. La thèse de Thomas Creo consiste à imaginer que les composés de la plante miraculeuse s'uniront aux cellules cancéreuses proliférant dans le cerveau : « il faut les unir comme des amants » dit son collègue : « on les apparie ». Autrement dit : on unit les contraires et on forme, à partir des deux éléments séparés, une unité nouvelle. Serait-ce une allusion à la procédure de l'Union des Contraires, bien connue également des soufis qui la nomment Jam al Jal ?
Et le miracle se produit. « Je n'ai jamais vu ce type de liaison, dit un des chercheurs, j'ignore à quel niveau s'opère la liaison, cela adhère aux parties actives de la tumeur »… Il fait là une description exacte d'un Qorban, qui consiste effectivement à apparier Gauche et Droite d'une structure, créer une unité nouvelle qui relance un cycle de vie.

Le messianisme doit naître, selon la Tradition, d'une Union. L'Union Droite et Gauche est en effet pleinement écrite dans le nom de David — le messie fils de David — dont les lettres sont un Vav entouré à Droite et à Gauche d'un Dalet. Il est dit « fils de David » car c'est ainsi que l'on nomme, dans la Tradition, l'avénement du second messie succédant au Messie fils de Joseph. Le messie fils de David naît d'une union de la Gauche et de la Droite, des deux portes (Dalet) donnant sur le Vav central. Cest là une donnée incontestable issue de la lecture même du nom. (Je reviendrai sur la notion de messianisme dans un prochain blog).

L'Arbre miraculeux


Quant à l'identité du végétal, cet arbre de vie miraculeux : son code 82-A46 peut se traduire par les correspondances lettriques suivantes :
82 écrit le mot Aoued (travailleur) avec les lettres Ayïn - Vav - Beth - Dalet dont les valeurs numériques respectives sont 70 + 6 + 2 + 4
עובד
La lette A du code figurant sur l'étiquette de l'éprouvette correspond à l'Aleph
א
Et 46 écrit le mot Amma : sa mère, avec les lettres Aleph - Mem - Hé. Mais aussi servante.
L'identité de la plante serait donc : « le travail de la mère servante au service de l'Alef, au service de l'Absolu.»
Chercher la femme.
Une servante, une femme serait donc au travail. Par elle, ll'Union des Contraires se réaliserait, et cette opération concernerait singulièrement le Cerveau. Aronofsky aurait-il symboliquement mis en scène le travail de cette femme ? Qui est-elle ? 

Voici quelques  indices : elle a affaire au Cerveau. Elle a affaire au Singe. Elle connaît la procédure de l'Union des Contraires. Elle maîtrise le dossier de la corticalité. Et celui de la Kabbale. Elle est concernée par l'Espagne. Par l'hébreu en Espagne du temps de l'Inquisition. Elle connaît l'histoire de la « Nouvelle - Espagne ». L'Arbre de Vie lui est connu. Les Séphiroth lui sont familières. La numérologie n'a pas de secrets pour elle. Elle connaît la carte du Père Avila. Elle sait où se trouve le Temple caché. Elle connaît le secret de l'écorce, des étincelles, de la neige, et de tout le symbolisme actif dans ce film. La Couronne Kether l'instruit. Elle est proche d'un chevalier dont la mission est de « sauver l'Espagne du joug inquisitorial ». Ce chevalier, n'est-ce pas Don Quichotte ? Élucubration ? Le Singe Don-Avan, n'est-il pas une allusion au Singe apparaissant dans Don-Quichotte, au chapitre de Maese Pedro qui exhibe le petit animal dont il prétend qu'il répond à toutes les questions ? Ah, ce singe où est-il caché dans le livre de Cervantès ?

Et qui est cette femme, ayant délivré rites, rituels et symbolismes sacrés pour leur donner l'explication au moyen du Code des Archétypes ? Qui est cette femme si ce n'est l'auteur du grand traité La Face cachée du Cerveau que j'ai déjà mentionné plusieurs fois dans ce texte ? On lui doit précisément une exégèse de Don Quichotte où elle a mis à jour ses relations avec l'hébreu et l'araméen du Zohar. Aronofsky désigne cette femme avec une singulière assurance, en ce qu'elle a effectivement écrit, dans sa jeunesse, une traduction de l'épopée de la Conquète de la Nouvelle-Espagne par un conquistadore (Bernal Diaz del Castillo), et qu'elle a conçu, bien plus tard dans sa vie, une somptueuse étude de l'Alphabet hébreu et des Séphiroth. Si vous connaissez quelqu'un d'autre qui réponde à toutes ces allusions du cinéaste — Espagne / Kabbale / Nouvelle-Espagne / Quichotte / Zohar / Louriah / Séphiroth / cinéma / Cerveau — alors dites-le moi vite et je corrigerai mon texte en citant amplement cette personne.

Je le dis sans hésiter : Aronofsky, tout en allusion et par sa méthode de codage, désigne l'œuvre de Dominique Aubier. Si Emmanuel Lévinas, que je salue respectueusement, était désigné, je le dirais tout aussi bien. Si c'était Adin Steinsaltz, je m'empresserais de lui reconnaître cette importance. Mais voilà, c'est l'œuvre d'une femme. Et la lumière entourant Rachel Weisz éclaire cette idée car ce sont bien les femmes qui apportent les lumières lors du Schabbat. Les lumières à la fin du Schabbat désignent l'explication terminale devant éclaircir le symbolisme. C'est l'objet de cet article : je propose maintenant de produire l'acte de conclusion explicatif qui consiste à remonter vers la source. Alors faisons le lien entre la fin et le commencement : la phase terminale du film appelle à ce retour.

Cela est demandé dans le film : « finish it ». Quelqu'un doit terminer le film d'Aronofsky. Et comment terminer son film ? Par l'écriture : Liz demande à Thomas d'achever son manuscrit. À travers cet appel, le cinéaste, à son tour, demande au spectateur de clore le film après son visionnage et d'apporter l'élément terminal de la lucidité qui surplomberait l'œuvre picturale par un commentaire qui, remontant à la source, nommerait ce qui est caché. Car ce film, comme le dit Cervantès de son Quichotte, « tendra necesidad de comento para enterderla ». Aura besoin d'un commentaire pour être compris. Je m'y résous et je poursuis l'étude de ce film avec mes références quichottiennes et cérébrales.



Dans le prochain Blog, j'aborderai :
— Le secret de la Tête et du Cerveau
— Divine words

7 commentaires:

François-Marie Michaut a dit…

Vous écrivez : " comprendre les archétypes et le Cerveau "
En laboureur des mots, je fais un stop sur "archétypes"en sortant mon dico. Apparait alors un sens plus causant ( du moins pour moi) :
les modèles antiques. Comme ce que fut ma première 2CV modèle 1952 !
Des traces de vieille façon de voir les choses qui persistent en nous, sans que nous en ayons conscience. Genre peur du noir. Comme si, comme le dit Carl Jung, nous étions tous "branchés" sur un inconscient collectif.

Ces archétypes-modèles-antiques tournent tous, sans que nous en ayons la perception, autour d'un modèle unique. Le Modèle Absolu repéré comme Le Cerveau par Dominique Aubier.

Me corriger d'urgence si je dis des bêtises.

Frédéric THOMAS a dit…

Et voici que le président du Guatemala, d'où provient la souche de l'arbre guérisseur dans le film, vient de prendre la décision de reconnaître symboliquement Jérusalem comme capitale d’Israël en y transférant son ambassade. On peut déplorer que ce blog en tant que relais de référence des travaux de Dominique Aubier soit la seule tribune "officielle" à avoir donné l'explication objective de la validité de Jérusalem comme capitale d'Israël et que le gouvernement français n'assume toujours pas cette connaissance pourtant disponible ici et maintenant dans sa culture. L'explication de Jérusalem est aussi la clé de tout entendement, la clé du cerveau (Be/Ye-Rosch-La-i-M)etc. Lire l'article à ce sujet plus bas sur le blog.

Serge du Jura a dit…

Poême à vous .

Par la porte du jardin
je m'en fus un beau matin
je ne sus quand je revins
mais n'était-ce pas demain ?

Et l'ancêtre ,du haut de la tour ,
un jour me compte à rebours ,
il me dit tu prends la main ,
même si tu n'es pas très au point .

C'est alors que sans détour ,
quelqu'une est venue un jour ,
pour dire :
et voici les petits ,Père ;
par la porte du retour



François-Marie Michaut a dit…

Comprendre les archétypes, écrivez-vous.
Le mot archétype me dérange.
Dans le langage courant, c'est synonyme de caricature. Don Juan, l'archétype du séducteur. Fausse route !
Arché, c'est ancien (archéologie). Type, c'est pas un brave ou un sale mec. Type, c'est le modèle comme pour les voitures. En grattant un peu le grec tupos d'origine, on tombe sur la notion d'empreinte : la trace d'un truc qui est passé par là.
Un archétype comme l'empreinte toujours vivante ( inconsciente et partagée par tous a bien vu cliniquement Jung) de choses anciennes oubliées qui nous actionnent malgré nous.
Le Modèle ( = type pour les autos !) dont le cerveau est une image devient alors clairement le passe-partout capable de décrypter le contenu de ces fameux archétypes de toutes les cultures.

Anonyme a dit…

Votre travail se révèle dans toute sa nécessité ,vous faites un remarquable éclairage de l'exigeante prose de D .Aubier . En fait ,vous permettez de faire le chemin qu'il restait à faire et qu'il était difficile de faire sans vous .

Anonyme a dit…

lecteur régulier, je tenais à venir ici vous dire ma joie à lire vos derniers articles...
The Fountain m'inspire depuis plus de 10 ans...
l'extrème poésie et la sublime lecture que vous en faites gonfle mon coeur de joie, jusqu'aux larmes !!!
et là, vous lire, prendre la défense des oeuvres de votre Maître contre les "mange-besoins"... bon sang !
je ne suis personne mais du haut de ce pas grand chose je viens saluer votre courage et votre belle probité !!!
de tout mon coeur et pour l'amour des Sources...
F. C.

Taurus a dit…

Ce blog unique ( cf commentaire de Thomas ) ne peut vivre que :
- si Domino continue de nous offrir ses textes précieux et érudits
- s'il est lu par un bon nombre d'internautes qui acceptent de faire l'effort de livrer ici leurs réactions pour qu'il sache si ses enseignements passent ou... lassent.

Deux participations concrètes possibles :
- devenir "abonné" d'un simple clic. Nous ne sommes que 49 à l'avoir fait. Certainement très très en dessous du nombre de lecteurs interessés. Je vais surveiller de près le nombre d'abonnés pour savoir si cet appel est entendu.
- donner un peu d'argent au blogueur à qui l'entreprise Kabbalah ne rapporte aucun centime en allant sur le site Dominique Aubier à "Faire un don". Il est certainement trop fier pour faire la manche. Tant pis si ça le gène, je le fais à sa place.